La crise des dettes souveraines

C'est la crise de confiance des spéculateurs dans la capacité des états endettés,  à rembourser leur dette. Elle est responsable de l'explosion des taux d'intérêt auxquels certains pays du sud de l'Europe (zone Euro) ont  financé et finance encore (même si ils sont à la baisse de puis la fin de l'année 2012)

Cette crise, a obligé les états en question à réduire drastiquement leur déficit budgétaire en augmentant les impôts et en baissant leurs dépenses (baisse du salaire des fonctionnaires, des retraites, licenciements des fonctionnaires, etc).

Selon des analystes économiques, ces polituiques de rigueur entraîneronts des récessions dans les dits pays qui risquent de peser sur les recettes de l'état et donc, entraîner une hausse du chômage et de la pauvreté, et, peut-être, ne fera qu'entraîner une hausse ou une stabilisation des déficits budgétaires, au lieu de les supprimer.

La zone Euro en a été menacé au début de l'année 2012, avec une baisse des notation des dettes publics de ses pays, les rendant parfoius incapables d'emprunter pour financer leur déficit sans l'aide des autres européens, qui ont donc dû mettre en place des mécanismes de garantie pour leur emprunts de refinancement de ces dettes.

Cette crise a brusquement été stoppée par une décision extraordinaire de Mario Draghi, le président de la BCE, décision surprenante et à la limite des règles que doit suivre la BCE (banque centrale européenne), selon les traités qui ont défini ses et son fonctionnement.

C'est pourquoi , je vous présente plus bas, le Buzz de juilet 2012 qui a peut-être tout fait basculer et a sauvé la zone Euro.

Suit ausi une réflexion sur la dette immense pour laquelle les marchés font l'autruche, jusqu'à ce qu'une crise plus grave et même internationalement catastrophique intervienne, quand enfin il cesseront d'être myopes: le grave problème de la dette et du déficit budgétaires des états unis. (voirs billets parus à la rubrique "actualité" à l'époque.

 

Samedi 8 septembre 2012

"Super Mario" fait le Buzz, tandis que l'INSEE déchante...

Jeudi dernier, Mario Draghi annonçait que la Banque Centrale Européenne (BCE) était prête à se porter acquéreur des dettes souveraines des pays membres de l'UEM, et cela sans limite. La volonté du banquier central est clairement de rendre son action plus efficace sur les taux d'intérêt européens, en abaissant le Spread (différence entre les taux d'intérêt) auxquels les pays du sud sont confrontés. En effet, l'arme de la BCE qui est son taux directeur (le REFI) était, jusqu'à présent inefficace, puisque les taux en Espagne étaient, mercredi, supérieurs à 6,4%, soit un spread de près de 6% par rapport au REFI (qui est à 0,75% depuis le 5 juillet 2012) !

Tous les dirigeants de la BCE (hormis son représentant allemand) venaient donc jeudi, de voter la possibilité pour la banque centrale européenne, de se porter acquéreur, sans limite, de toute dette des pays membres (de l'UEM) revendue sur les marchés.

Mais, surtout, et les commentateurs n'ont peut-être pas assez insisté sur ce fait, la BCE se considère désormais comme un créancier de même ordre que les autres, et est donc prête, à être traitée comme tout un chacun, en cas de créances irrécouvrables. Elle est donc prête à acheter "du papier" représentant une dette non sûre, ce qui renforce mécaniquement la solidité de la dite créance et donc abaisse le risque de détenir une telle créance. Ce risque étant plus bas, le spread (la différence de taux entre les taux d'intérêt des emprunts des pays de la zone) va (et a) baisser. Les taux espagnols par exemple ont (et vont) baissé. Les taux français vont, eux, remonter et peut-être redevenir plus réalistes. En effet, comme ceux de l'Allemagne,de la Belgique..., les taux (à court terme) sur la dette souveraine française sont négatifs, alors que les taux à court terme pour certains pays du sud ont été à deux chiffres (et positifs: parfois>à 20%). Avec ces taux négatifs, les acteurs économiques prêtant, à court terme, au Trésor français perdent donc de l'argent tous les mois, en ce moment, et c'est encore pire avec l'Allemagne (on peut, dans ce cas précis, raisonnablement se poser la question de la rationalité des marchés! Accepter de prêter à un taux négatif signifie que l'on accepte de se faire rembourser une somme inférieure à celle prêtée, c'est à dire prêter en sachant pertinemment que l'on "va perdre de l'argent" à cause de ce prêt (à moins de parier sur une réévaluation de l'Euro ?!?)).

Les membres de la BCE entendaient donc, par leur vote de jeudi, faire converger les taux des différents pays, ce qui veut dire, pour la France, alourdir un peu une charge de la dette qui avait baissé avec les taux d'emprunt à court terme négatifs. Ceci veut surtout dire que la BCE engage la solidité de son propre bilan, dans la réussite des politiques budgétaires des pays du sud de l'Europe, en promettant de racheter leur dette sur les marchés, quitte à ne pas être remboursée si l'état emprunteur "faisait défaut" ("faire défaut" signifie ne pas rembourser). Cela rend donc de plus en plus compliqué la sortie unilatérale d'un pays (comme l'Allemagne) de la zone Euro. Cela veut dire, aussi et surtout, qu'acheter la dette des états du sud de l'Europe devient moins dangereux car l'on peut supposer, qu'en dernier recours, on pourrait théoriquement vendre cette "dette papier" à la BCE, qui elle, remboursera rubis sur l'ongle. En effet, rembourser une dette en Euro ne coûte rien à la BCE, puisque c'est elle qui émet les Euros et qu'elle en émet, en théorie, autant qu'elle veut. Ceci fait "qu'acheter de la dette" des pays du sud de l'Europe n'est plus aussi risqué, puisqu'en fait, indirectement, et en dernier recours, c'est peut-être la BCE qui remboursera. Comme "acheter ces dettes" est moins risqué, les créanciers devraient demander une prime de risque moins élevée pour le faire. Ils accepteront peut-être donc de prêter à des taux plus bas. Ceci devrait, en théorie, avoir, comme conséquence une baisse des charges de la dette pour les pays du Sud et, peut-être, une issue heureuse, pour eux, dans la zone Euro.

Par ce vote, qui restera peut-être dans l'Histoire, les dirigeants de la BCE ont peut-être un peu outrepassé leur pouvoir et rôle théoriques définis par le traité de Maastricht. Ils ont surtout montré que leur but n'était pas seulement de lutter contre l'inflation, comme le veut le peuple allemand, terrorisé qu'il est par le souvenir de l'hyperinflation des années de la république de Weimar, prélude à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, à la guerre et à l'infamie. Ces banquiers centraux ont rappelé que le premier devoir d'une banque centrale est de faire vivre sa monnaie, quoiqu'il en coûte, même si cela veut dire accepter de faire faire aux pays en difficulté une concession pour calmer le lion allemand: demander l'aide et suivre le FMI (Fond Monétaire International) et ses politiques restrictives et donc, rabaisser sa fierté et être traité, presque comme un pays en développement à l'agonie.

Voilà, tout cela semblerait presque épique, mais, malheureusement, si l'on ajoute à cette décision de la BCE, une sombre affaire de meurtre sur un parking alpestre, le dernier rapport de l'INSEE est cette semaine passé inaperçu. Dans cette note, qui porte sur l'année 2010, l'institut français constate une baisse de 0,5% du pouvoir d'achat des français cette année-là et dénombre 8,6 millions de pauvres en France. Selon la rédaction de Médiapart, avec un rythme d'augmentation annuel de 400 000 personnes par an, la pauvreté pourrait toucher près de 10 millions de personnes en France en 2013. Pire encore, d'après l'INSEE, en 2010 d'ores et déjà, 1 enfant sur 5, en France, vivait en dessous du seuil de pauvreté.

Après tout cela, quand Arte nous rappelle cette semaine dans un très bon "Thema", que la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, avait, à la fin du siècle dernier, aidé la Grèce à cacher 3 malheureux milliards d'Euro de déficit budgétaire, à la "très perspicace" Eurostat, afin d'être acceptée dans la zone Euro, cela nous semble, au final, une peccadille... Quoique, au final justement, c'est sur la dette grecque qu'a commencé la spéculation sur les dettes souveraines européennes. Et parmi les spéculateurs qui cherchent à se faire de l'argent en spéculant sur la fin de l'Euro ou, à tout le moins, sur l'éviction de certains pays de la zone Euro, on trouve des traders de grandes banques d'affaires de taille internationale... Et parmi ces grandes banques, on trouve... Goldman Sachs... Goldman Sachs, dont les traders spéculent sur un évènement rendu possible par les méfaits en Grèce de l'action passée de leurs propres patrons de l'époque. Allez dire, après, que les serpents ne se mordent pas la queue !

N.M.

Mercredi 12 septembre 2012

La dette américaine, une bombe à retardement

Ce matin, on annonçait, sur une grande radio d'information, que l'agence de notation Moody's, avait l'intention de dégrader la note (pour l'instant triple A) des USA en "A1", et cela, si le gouvernement fédéral ne changeait pas de politique budgétaire. Cela est passé, par la suite, presque inaperçu, à cause d'un attentat en Syrie (tuant notamment un ambassadeur américain) et de la suite, en Grande Bretagne, de l'enquête sur une sombre tuerie sur un étroit chemin d'une montagne française. Cependant l'information méritait réflexion...

La première réaction a été de se dire que la BCE et son président avaient gagné contre les marchés, et que les agences de notation étaient, en conséquence, en train de faire la seule chose qu'elles savent faire pour exister encore médiatiquement. Ceci semblait montrer que la BCE venait de prouver qu'elle était toute puissante contre les marchés, comme l'était la Bundesbank (banque centrale Allemande, avant le passage à l'Euro) en son temps. Mais, ce 12 septembre, était aussi le jour où la cour constitutionnelle allemande devait donner son avis sur la constitutionnalité du MES (Mécanisme Européen de Stabilisation). Les spéculateurs avaient peut-être eu connaissance de fuites, laissant à penser, que la cour constitutionnelle allemande allait valider ces mécanismes, ce qu'elle a fait d'ailleurs cet après-midi.

En fait, il y a quelques jours, Mario Draghi (président de la BCE), en annonçant que la BCE était prête à couvrir, sous conditions à minima, la dette de ses pays membres et cela sans réserve de montant et à l'unanimité (moins une voix allemande), avait fait fléchir les marchés. Les agences de notation reconnaissaient là, la toute puissance de la BCE, en allant ronger un nouvel os, s'attaquant à un autre pays (les USA). Elles prenaient acte du fait que, en dépit de son statut formel, la BCE était presque devenue, par la magie des mots de son président, prononcés le 6 septembre devant les caméras du monde entier, une banque centrale à part entière. La BCE venait, en effet, et cela, contre toute attente, de s'ériger comme prêteur en dernier ressort pour les états membres de l'UEM.

La première réaction a été de se dire, qu'à nouveau, les agences de notation se comportaient comme de grands enfants, privés d'un de leur jouet favori. Ayant perdu une occasion de se faire remarquer (ou de gagner de l'argent) en s'attaquant à des pays de l'UE, elles s'en prenaient carrément au maître du jeu de l'économie libérale que sont les USA. Cela en disait long sur leur attitude d'enfants gâtés.

C'est vrai que comme, le publie aujourd'hui Le Monde (sur son site web), le déficit fédéral de l'état américain a continué à se creuser. Après l'ère Clinton, sage et salvatrice, Obama n'a pas réussi à faire un trait sur les errements budgétaires de l'ère Bush, et si l'on observe la courbe publiée par Le Monde (reproduite ci-dessous), la situation aurait même eu tendance à empirer..

 

Encours de la dette fédérale américaine

Source lemonde.fr ; Source d'origine: trésor fédéral américain

 

Mais, à quoi cela servait-il de dégrader la note des Etats Unis, puisque cela n'a aucune conséquence pour le trésor américain, car en dernier ressort, la Fed (la banque fédérale américaine) achètera la dette de l'état américain, et cela à un taux choisi par elle. Peut-être est-ce pour pouvoir, par la suite, logiquement, dégrader la dette des créanciers de l'état fédéral, d'états américains ou d'administrations américaines ?

Ce n'était pas pour pouvoir, par la suite, noter à la baisse la dette d'états américains, car certains sont déjà sous surveillance, la note de l'état californien (malgré le gouverneur conservateur, et ancien acteur, Arnold Schwarzneger), par exemple, ayant été déjà dégradée.

Restait la piste des créanciers ou des administrations (?)

Qui est créancier de l'état fédéral américain ? Des états, des banques, des caisses de retraite, chinois et japonais. La Chine et le Japon sont des pays exportateurs dont l'économie dégage des excédents extérieurs. Le Japon, il est vrai, connaît la récession et la Chine, elle, un trou d'air économique. Cependant, s'il n'y a pas, en Chine, de mouvements sociaux incontrôlés, ce pays retrouvera vite une forte croissance au sortir de la crise. Le Japon, lui, est assis sur un matelas confortable de Dollars qui ne demande qu'a s'investir en bons du trésor américain, placement sans risque, puisque la Fed est le prêteur en dernier ressort.

Ne serait-ce pas, donc, un mouvement inattendu (mais prévisible) de perte de confiance dans le Dollar et un retour de confiance dans l'Euro après la décision majeure de la BCE d'il y a quelques jours (consulter l'actualité du 8 septembre, ci-dessous) ? En effet, une chute du Dollar américain entraînerait une baisse de la valeur de la dette américaine, donc de la défiance en la signature de l'état fédéral américain et en celle de toute dette libellée dans cette monnaie...

Ce qui est sûr, c'est que l'Euro (pour toutes ces raisons) est de retour en grâce et va continuer à voir son cours (vis à vis du Dollar) remonter, ce qui est bon pour le prix du pétrole et le prix du carburant à la pompe en Europe, mais mauvais pour les exportations de produits de la zone Euro. Ce n'est théoriquement pas très bon pour l'Allemagne, dont l'économie dépend en grande partie de l'exportation vers les pays tiers (mais les allemands vendent des machines-outils et des automobiles à forte valeur ajoutée, ce qui permet, en théorie, d'écouler leurs produits, même à prix plus élevés). C'est bénéfique pour la France et ses produits agricoles et aéronautiques très sensibles aux variations de prix (la France n'exporte pas que des parfums, du vin, des foulards Hermès ou sacs Vuitton à prix élevés et dont la consommation est peu sensible aux variations des changes); dans l'UEM, puisque le prix du pétrole est libellé en Dollar. mais cela, néanmoins, ne réglera pas à lui seul le problème de la désindustrialisation de notre pays . Cependant, pour le chef de l'état français, confronté aux restrictions d'emploi dans l'industrie (Peugeot n'étant que la partie médiatique de l'iceberg), cela règle peut-être, au moins, le problème posé par la solution boiteuse trouvée pour contrer la hausse du prix du carburant. En effet, la hausse de l'Euro va mécaniquement faire baisser le prix de l'essence, puisque le pétrole est coté en Dollars, monnaie qui va voir, elle, sa valeur baisser en Euro.

De fait, cette annonce, faite par Moody's, met le doigt sur un problème majeur de la finance internationale, qui est le déficit et la dette abyssaux de l'état américain. Elle peut faire comprendre aux hommes politiques de ce pays (et à leurs citoyens), que la coupe est pleine, que les Etats Unis, à force de laisser filer leur déficit budgétaire, ont rendu leur encours de dette totalement irréaliste et déstabilisateur pour la finance mondiale et l'équilibre "écono-stratégique" mondial. Cette situation d'hyper endettement de l'état américain auprès de l'étranger (les américains n'épargnent pas, donc ne peuvent pas prêter à l'état américain) est devenue monstrueuse et insoutenable. Peut-être, qu'après tout, la menace de déclassement de la dette américaine n'est pas seulement issue de la lubie d'un enfant gâté, mais est, en fait, un signal fort, pour faire réfléchir, et reconsidérer à nouveau, cette bombe potentielle qu'est la dette de l'état fédéral américain. La situation actuelle, caractérisée par cette quantité énorme de Dollars, détenus par des créanciers étrangers (et notamment chinois), pose d'abord un problème stratégique pour les Etats Unis qui n'ont jamais ressemblé autant à un colosse aux pieds d'argile. Le différentiel de croissance entre "la vieille Europe" et les Etats Unis s'est peut-être nourri d'un marché du travail plus libre (aux USA) et d'autant plus flexible qu'il se nourrit, lui-même, d'une basse couche de main d'oeuvre payée à la journée et en partie alimentée par une immigration légale ou non, hispanique notamment, mais aussi par des retraités obligés de travailler à cause de leur retraite "misérable". De plus, aux USA, la protection sociale est pour certains très faible, et les charges sociales en sont d'autant diminuées. Enfin un protectionnisme larvé protège le marché intérieur, à tel point, qu'en leur temps, les entreprises automobiles japonaises, qui proposaient des produits bien plus novateurs et économiques que leurs homologues américains, ont dû investir sur place pour lutter contre la suprématie des "big three" américaines. Cependant, les économistes libéraux ne reconnaissent pas assez que cette croissance s'est perpétuée, en grande partie, grâce au déficit budgétaire et à la dette fédérale. En fait, depuis Ronald Reagan (1980, 1989), les USA n'ont pas cessé, (sauf sous Bill Clinton) et cela sans le reconnaître explicitement, de faire des relances keynésiennes par le déficit budgétaire, payées par des épargnants étrangers (allemands et japonais, et puis chinois), détenteurs d'une masse de Dollars qui n'a cessé de croître avec les déficits extérieurs américains. Paradoxalement, les fortes importations américaines, de produits chinois à bas coûts, ont permis la croissance de la consommation intérieure et donc la croissance, accompagnée de dépenses locales des ménages par le crédit immobilier par exemple. Cette croissance de la consommation a été d'autant plus durable, que les emprunts hypothécaires et la bulle immobilière, ont artificiellement accrus la capacité des ménages américains à consommer. L'état n'a pas été seul à vivre grace aux capitaux étrangers, les ménages ont fait de même pour continuer à consommer et consommer encore, mais à nouveau, à crédit. De plus, chaque secousse, chaque éclatement de bulle boursière (1987), immobilière (avant 2008) et banquière (Faillite Lehmann Brothers en 2008 et crise des années suivantes), qui auraient due être le signal pour entreprendre une autre politique, moins dangereuse, a été repoussée par la prodigalité de la FED d'Alan Greenspan et consorts (qui injecta massivement des liquidités) ou par l'état fédéral et son déficit budgétaire. Bill Clinton, aux fréquentations douteuses au bureau (il aimait bien les stagiaires jeunes et belles et se serait peut-être bien entendu avec un ancien directeur du FMI), a été, tous comptes faits, un président sage et avisé, alors que le président de la Fed (ou du Fed selon que l'on parle de la "banque" ou "du board"), Alan Greenspan, grand homme respecté par les bourses mondiales et surnommé respectueusement "le gourou de la bourse", jeta littéralement les liasses de Dollar par les fenêtres. Clinton lutta contre les déficits alors que ses prédécesseurs ou successeurs distribuèrent de l'argent qu'ils n'avaient pas en finançant, au passage, le développement d'entreprises amies, fournissant à l'état des produits variés, allant de l'avion furtif à l'approvisionnement d'essence pour les chars en Irak ou de nourriture pour leur servants (la firme Halliburton, qui a été jusqu'à créer une armée privée pour assurer l'intendance des troupes en Irak, avait auparavant, longtemps, appointé le vice-président de l'époque, Dick Cheney, et a été convaincu de rapine sur le dos de l'estomac des GIs américain pendant la guerre en Irak qu'avait décidé le fils Bush, comme papa Bush l'avait fait en son temps - je veux parler de guerre en Irak). Ce mécanisme de consommation par le crédit international, a été d'autant moins visible et douloureux que les Dollars acquis par les étrangers sont, en général (mais pas toujours, d'où l'évolution erratique du cours du Dollar), revenus se placer aux Etats Unis, sous forme de placements liquides ou d'investissements (productifs, mais aussi spéculatifs, dans les titres bousiers, l'immobilier, le foncier, le luxe: certains châteaux bordelais peuvent en témoigner). Ces dollars ont surtout permis de financer la dette publique américaine sous forme d'achats massifs d'obligations émises par le trésor fédéral. Ce cercle, jusqu'à présent vertueux, était simple. L'état US s'est endetté auprès de l'étranger, en maintenant ainsi la consommation des ménages américains, qui achetaient des produits, en partie étrangers, tout cela étant financé par des Dollars venus de l'étranger, venus eux pour financer la dette fédérale américaine ainsi générée. Tout se passait (et se passe encore) comme si les USA étaient un ménage, un ménage qui vivait (et vit encore) en achetant, à crédit, des produits à son banquier, celui-ci lui prêtant toujours plus d'argent, pour qu'il puisse continuer à être un client satisfait et un consommateur assidu. En gestion, à l'échelle d'une banque, on appelle cela du "soutien abusif", et c'est totalement interdit par la loi. Le banquier continue à prêter de l'argent à son client car il y a doublement "intérêt". D'une part, cela lui rapporte de l'argent (cela s'appelle "l'intérêt"). D'autre part, cela permet à son client de ne pas faire faillite, et donc évite des pertes réelles au banquier. En effet, ces pertes ne sont que latentes, et encore, elle ne sont constatées que si le banquier, suivant en cela les principes comptables les plus élémentaires, de prudence et de fidélité, provisionne les créances dudit client (ici l'état américain et ses citoyens). Mais, le soutien abusif est interdit par la loi. En effet, l'histoire montre que, inévitablement, le banquier ne fait que retarder l'échéance de la faillite; faillite qui se traduira par un défaut de paiement et une dévaluation de la dite dette, dette qui n'est pas seulement auprès du banquier, mais aussi auprès des fournisseurs du ménage, qui eux n'ont pu prendre, à l'opposé de la banque, aucune garantie (hypothèque, nantissement, caution,...) en cas, justement, de faillite. Le chemin qu'ont emprunté les USA a généré des dettes auprès de l'étranger, il a aussi obligé la Fed (Alan Greenspan et consorts) à une politique monétaire accommodante, générant une augmentation prodigieuse de la masse monétaire en Dollars. Tout cela aurait dû (et devrait encore) inquiéter les responsables américains:

1. Les hommes politiques américains auraient (et doivent encore) dû s'inquiéter de leur dépendance croissante vis à vis de prêts venant de l'étranger. Comme le doivent les animaux domestiques, il faut toujours s'inquiéter, et se demander si la main qui vous nourrit n'a pas un intérêt à ce que vous preniez du poids et restiez en bonne santé. Cela peut se finir dans le sang, à l'abattoir... Tant que la dette publique de l'état fédéral américain était financée par les excédents extérieurs de pays comme le Japon et L'Allemagne, les Américains ont pu se bercer d'illusions (peut-être probables en plus). Ces deux pays sont pacifiques et droits, indélébilement marquées dans leur mémoire collective, par une faute terrible qui date de la deuxième guerre mondiale, et qui en fait des alliés (pour l'instant) indéfectibles des Etats Unis. Une telle dépendance, vis à vis de la France, par exemple, allié suspect s'il en est (notamment depuis les discours de De Gaule), aurait peut-être, au début, éveillé les soupçons de la bête domestique qu'on nourrie (en l'occurrence les USA). Par la suite, quand c'est la Chine qui a commencé à financer le déficit public, il était peut-être trop tard pour revenir en arrière. Comment d'ailleurs, en temps de paix, dans un pays démocratique, promettre à ses concitoyens, comme Churchill, du sang et des larmes, sans être mis à la porte, immédiatement par les électeurs mécontents (Churchill a d'ailleurs été jeté comme un malpropre, mais après la guerre) ? Faire confiance à la Chine était donc juste un pis-aller. Une stratégie imposée parce qu'on ne peut pas faire autrement. La faute originelle (avec les Japonais et les Allemands si droits dans leur "alliéitude") a fait mettre le doigt du pays dans un engrenage dont on ne peut pas sortir sans y laisser la main ou même le bras. Et puis, il y a l'habitude et la vanité, la vanité de croire que l'on est toujours la première puissance mondiale, maître incontesté de la planète, capable de renverser une dictature irakienne avec quelques jets de missiles Tomahawk (mot de la langue d'anciennes tribus indiennes longtemps non soumises, qui se méfiaient justement de la main qui se disait être là pour les nourrir) et une chevauchée fantastique de chars Abraham dans le désert. Mais comment faire confiance à la Chine ? Comment faire confiance à un peuple dont les anglais ont à jamais terni la fierté en le ridiculisant par la signature d'un traité déshonorant à Nankin (1842), tout cela, pour une banale histoire de destruction de drogue, stock anglais destiné à leur propre consommation. Pour les occidentaux, comment faire confiance à une nation que des occidentaux immoraux et incultes (comparés à la "vieille civilisation chinoise") ont puni pour une banale histoire digne d'un "vol de poules". Tout le monde voit le peuple chinois sous sa facette commerciale. Un peu comme si la réelle aptitude au commerce de certains d'entre eux, en faisait un peuple prêt à tout, simplement pour faire des affaires et de l'argent; un peuple facilement corruptible et prévisible, qui préfèrera plier et accepter un pot de vin, un os à ronger. C'est oublier que le peuple chinois est d'abord patient. Il est capable de pénibles et longs efforts pour se protéger ou pour vaincre. La muraille du nord du pays, seule marque humaine (parait-il) visible du lointain espace, est là pour prouver sa patience et sa détermination à tirer des leçons de l'histoire et à reprendre l'avantage sur des anciens ennemis (dans ce cas là, les Mongols). Peuple balloté par l'histoire, premier peuple touché par la peste noire (et par le grippe H1N1 - sic) cauchemar de notre moyen âge, il est surtout celui qui a connu les plus anciennes et longues (donc avisées) dynasties. Un envoyé de la dynastie Hans, alors de plus de 206 ans d’âge (la dynastie, pas l'envoyé), a joué peut-être le rôle roi mage, dans une étable à Bethlehem. Cette dynastie a régné encore, presque 200 ans après la mort et la résurrection du Christ. A côté de ces 4 vrais siècles d'une seule des dynasties chinoises, les lignées royales européennes font de pâles figures d'adolescentes et la démocratie américaine celle d'un bébé. La lignée Bush, père et fils, n'a par exemple connu que 12 ans de règne et si deux présidents américains se sont nommés Roosevelt, ils n'étaient pas de très proches parents. Réduire le peuple chinois à un peuple de commerçants, prêt à continuer à financer la dette publique américaine Ad Vitam Æternam, tandis que les Etats Unis paraderaient dans toutes les mers du monde avec leur portes avions est aberrant. Pourquoi les chinois laisseraient une soi-disant première puissance mondiale les empêcher d'avoir accès, pour des questions de rhétorique et de droit internationaux, aux routes et aux régions, sources nécessaires à leur prospérité: celle des matières premières. La Chine ne se fera surement pas dicter ses intérêts par ses débiteurs. Plutôt que de céder à une puissance militaire dont l'économie est de pacotille, elle revendra ces dollars pour conserver son indépendance, ce qui aura pour effet de faire tomber le roi Dollar de son piédestal, même si cela a pour effet de réduire la valeur de ses économies (son épargne en dollar américain). Les analystes qui parient sur la vénalité de la Chine, pour ne pas vendre ses Dollars et éviter ainsi de voir ses avoirs monétaires perdre de leur valeur (avec le chute du Dollar qui en résulterait), oublient que, pour une nation millénaire, soucieuse de préserver son indépendance et sa réussite à long terme, perdre quelques sous est secondaire. Le Dollar se dévaluera, entrainant de Facto la baisse du patrimoine des américains, dont il représente une parcelle. Au pire, au lieu de vendre leurs dollars contre le change dans une autre monnaie, les chinois peuvent toujours s'en débarrasser en achetant avec, des pans entiers de l'économie américaine, à des américains de pure souche.

2. Cette dernière éventualité semble trompeusement douce à côté de la dévaluation violente du dollar et du patrimoine des USA qu'entrainerait la première option (la vente des Dollars par les créanciers chinois). Mais cela aurait pour effet de réintégrer dans l'économie américaine, les quantités phénoménales de Dollars créées, toutes ces années, par la Fed. En bon disciple de Milton Friedman (et des monétaristes), Alan Greenspan aurait dû comprendre que sa politique monétaire avait potentiellement cette conséquence. Mais, enivré par son pragmatisme et sa bonne réputation, et, voyant que l'inflation ne gonflait pas avec sa politique monétaire créatrice de Dollars, il a peut-être pensé que la théorie de son mentor, Friedman, ne fonctionnait que dans une économie totalement théorique. Il a d'ailleurs, de la même façon, sous-estimé l'impact de la crise des « subprimes » avant de quitter son poste, et n'a jamais réussi à se justifier complètement depuis. En fait, la création monétaire, fruit des déficits budgétaires de l'état fédéral américain était réelle, mais gelée. En effet, les dollars créés pour financer la dette fédérale, se retrouvaient en grande partie dans les soldes extérieurs de pays comme la Chine. Le retour de ces dollars chinois dans le marché intérieur américain signifierait une réelle augmentation de la masse monétaire utilisée dans les échanges aux Etats Unis même. Resterait alors à la Fed à assister, impuissante, à une envolée magistrale des prix outre Atlantique, ce qu'elle a cherché à éviter depuis le début des années 1980. L'inflation rongerait le pouvoir d'achat et la valeur réelle du patrimoine américain. Elle appauvrirait de fait les Etats Unis... Après 30 ans de consommation à crédit, le peuple américain passerait à la caisse, pour payer son dû. Bien sûr, la Fed conserverait bien une arme pour ramener à elle cette montagne de monnaie ainsi libérée: augmenter ses taux directeurs pour encaisser ces dollars venus de l'étranger et les geler. Mais, en augmenter très fortement ses taux d'intérêts, elle casserait du même coup la croissance américaine (à cause des taux trop élevés), et ceci de façon durable. Cette solution (la hausse des taux d'intérêts) aurait, en fait aux Etats Unis, le même résultat que celle qui consiste à laisser l'inflation y croître: la récession par la baisse du pouvoir d'achat et la perte de valeur du patrimoine, à cause de leur baisse en valeur (consécutive à la dévaluation du dollar et à l'inflation). Une autre solution reste donc encore possible, celle de l'achat massif de pans entiers de l'économie (ayant perdu de leur valeur) par des chinois, avec leur réserve de de Dollars, soit donc, une perte de souveraineté économique des USA sur la richesse qu'ils ont sur leur propre sol.

Peut-être que l'économie n'est pas si compliquée que cela. Peut-être que la vie facile, à crédit, se paie un jour ou l'autre, pour un pays comme pour un simple ménage. Peut-être que le temps des souffrances est d'autant plus long qu'on se refuse trop longtemps à en prendre conscience et à arrêter sa politique de vie à crédit. Après tout, c'est le moment pour les américains, d'y réfléchir, puisque qu'ils vont bientôt choisir leur exécutif et que la campagne électorale bat son plein... A coup (ou coût !?) de spots télévisés infantilisants, au prix de centaines de millions de dollars le spot...

N.M.

 

 

 

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