Analyse de 50 ans d'Evolution du déficit budgétaire en France de 1959 à 2009


En octobre 2014, la dette publique de la France a atteint 2000 milliards d'Euro. Un record !!

Un petit historique de l'évolution du déficit s'impose.


 

Analyse de 50 ans de déficit public en France de 1959 à 2009




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PAC 2014, négociation, derniers rounds, la proposition française aux conseil des ministres agricoles

 Source, site de La France agricole, fin avril 2013

330 €/ha pour les 50 premiers hectares

Le ministère de l'Agriculture a fait ses calculs. Il pourrait accorder une majoration d'aide de 160 € par hectare aux 50 premiers hectares de chaque exploitant. Cette « surprime » concernerait 14 millions d'hectares en France en tenant compte de la transparence des GAEC. Elle s'ajouterait à un paiement de base de 170 €/ha (verdissement de 30 % compris : 87 €/ha) qui, lui, couvrirait l'ensemble des hectares éligibles de l'Hexagone, soit 26 millions d'hectares.

Ce que la simulation ne dit pas, c'est à quelle échéance ces niveaux de primes devront être atteints par les agriculteurs. Pour la Confédération paysanne, « moins la convergence sera rapide, moins cela aura de sens ». Au contraire, pour la FNSEA et la Coordination rurale, la progressivité, voire la lenteur sont nécessaires pour ne pas déstabiliser les exploitations qui perçoivent aujourd'hui, du fait de leurs références historiques, des aides supérieures à la moyenne nationale (de 280 €/ha).

Pour obtenir ces montants découplés à l'hectare, les services du ministère ont pris l'hypothèse d'une enveloppe affectée aux aides couplées limitée à 10 % de l'enveloppe globale des aides directes (de 7,6 milliards d'euros, premier pilier).

Stéphane Le Foll a obtenu de ses homologues européens de pouvoir augmenter ce taux à 12 % pour doter de nouveaux secteurs (une prime à la vache laitière est en réflexion) et espère obtenir encore davantage d'ici à la fin des négociations tripartites entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens qui se déroulent du 11 avril au 20 mai.

Un souhait en adéquation avec les attentes de la profession, mais qui diminuera automatiquement le montant des aides découplées (paiement de base + surprime). L'objectif du gouvernement est de favoriser l'emploi et l'élevage... Il reste à trouver le bon équilibre entre couplage et découplage.

Arielle Deles

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Des réunions tripartites au pas de charge

Publié le lundi 22 avril 2013 - 17h58 _ La France Agricole

Les vingt-sept ministres de l'Agriculture de l'UE étaient réunis en conseil le lundi 22 avril 2013. Une occasion pour la présidence irlandaise de clarifier le calendrier des discussions sur la réforme de la Pac et de s'assurer de la volonté de chaque Etat membre d'obtenir un accord politique d'ici à la fin de juin.

« Je suis convaincu que nous pouvons aboutir à un accord d'ici à la fin de juin, même s'il va nécessiter beaucoup de travail, un effort exceptionnel des trois institutions (Commission, Conseil et Parlement) et une volonté de tous de faire des compromis et d'aller dans le sens de plus d'équité, a déclaré Simon Coveney, le ministre de l'Agriculture irlandais. Les positions du Conseil et du Parlement ne sont pas si éloignées, a-t-il assuré. Et je crois que la Commission fera preuve de souplesse. »

Ainsi, trente-quatre réunions tripartites (trilogues) auront lieu entre le 11 avril et le 20 juin 2013. Six se sont déjà tenues, « dans une atmosphère constructive et positive », a assuré la présidence irlandaise de l'UE. Elles avaient pour thème la régulation des marchés, principal point de discorde entre les Etats et les eurodéputés. « Un certain nombre de points techniques ont d'ores et déjà été actés et le processus se poursuit rapidement vers des points plus substantiels. » A ce stade, la présidence n'en dit pas plus.

Pour certains points, l'Irlande souhaite bénéficier d'un mandat de négociation qu'elle doit obtenir des autres Etats membres. Elle peut le demander uniquement lors des conseils. Or, il n'y en a qu'une fois par mois. C'est donc ce qu'elle fera au mois de mai à Dublin. Elle espère obtenir un mandat pour les sujets suivants : la convergence externe, le couplage des aides, le sucre, le verdissement et la complémentarité entre le premier et le deuxième pilier de la Pac (soutiens aux marchés et développement rural).

Dacian Ciolos, commissaire en charge de l'Agriculture, a aussi profité de ce conseil à Luxembourg pour présenter, aux 27 ministres de l'Agriculture, ses propositions pour l'année transitoire que sera 2014. Une année qui devrait se faire dans le nouveau cadre budgétaire mais avec les règles actuelles pour le premier pilier (aides directes, recouplage, verdissement...) et celles actuellement en débat pour le deuxième pilier et les mesures de gestion des marchés. Ces propositions feront également l'objet de réunions entre les trois institutions. Les mesures transitoires devraient être prêtes pour l'automne de l'année 2013 au plus tard.

 

 

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L'effet de la crise des "subprimes" existe encore...

Le 6 février 2013

Des données factuelles sur cette crise qui a encore des répercussions sur nos économies

 

Le pétrole contre l'atome...

Le 5 novembre 2012

Dans une chronique précédente, je parlais de la dette abyssale des USA (et de certains états les constituant) et de la dépendance qu'avaient les USA envers leurs créanciers, et notamment la Chine.

Une toute autre affaire monétaire est parallèlement en cours. Ce que Reagan n'avait pas réussi avec l'URSS, en essayant d'imposer un embargo sur les ventes de céréales à l'URSS, Obama, grâce aux agissement passés de Bush fils est peut être en passe de le réussir avec l'Iran.

Engagé dans une lutte sans merci contre « la plaie communiste », en général, et les arsenaux nucléaires soviétiques, en particulier, Ronald Reagan avait tenté, au début des années 1980, d'utiliser « l'arme alimentaire » contre l'URSS, en essayant d'imposer un embargo sur les céréales vendues à l'Union soviétique. Non suivi, notamment par la France socialiste de Mitterrand, ce fut un échec qui l'amena à choisir la course aux armements que l'on sait (avec le programme appelé « guerre des étoiles »). Cette course fit mettre pied à terre à l'ours soviétique.

Confrontée, elle, au programme nucléaire iranien, l'administration Obama a peut-être enfin réussi à trouver une solution. Les solutions militaires étaient quasi impossibles, car diplomatiquement intenables (sauf à laisser les israéliens faire le sale boulot), mais surtout, hasardeuses et dangereuses :

  • hasardeuses, car les installations d'enrichissement et de recherche iraniennes semblent (pour la principale au moins) être bien protégées des bombes et des missiles américains

  • dangereuses, car l'Iran pourrait, par mesure de rétorsion, bloquer le détroit d'Ormuz, vital pour l'approvisionnement en pétrole (notamment).

    Obama, nanti de son prix Nobel de la paix, a donc décidé de taper là où cela fait le plus mal, au portefeuille. Les alliés américains (et même la Chine) ont (sur les demandes de l'administration américaine) réduit ou cessé leurs importations de pétrole iranien, provoquant un désastre économique en Iran. L’Iran, qui tire 85 % de ses revenus extérieurs de la manne pétrolière, n'exporte aujourd'hui, plus que 800 000 barils par jour au lieu de 2 millions. Cet « embargo à l'envers » a été permis par le développement des agrocarburants et des nouvelles ressources en hydrocarbures non conventionnels (se substituant aux achats, notamment américains, sur le marché mondial), mais aussi par l'augmentation de la production de pétrole en Irak, permise par les investissements étrangers, qui sont la conséquence de la chute de Sadam... L’œuvre incontestable de Bush fils...

    L’Iran n'étant pas les USA (qui vivent à crédit depuis Reagan, justement), elle ne trouve pas facilement prêteur sur les marchés internationaux. Le Rial s'effondre rapidement face au Dollar. La crise est grave pour le pays. L'inflation (notamment via les produits importés) y est galopante et le pouvoir d'achat des ménages en chute libre. Les réserves en dollars s'épuisent. Le régime commence à craindre la rue, à tel point que le Parlement iranien vient de convoquer le président, Mahmoud Ahmadinejad, pour l’interroger sur sa gestion de la crise du rial. La monnaie iranienne s’est, en effet, à nouveau effondrée début octobre, perdant 40% de sa valeur en quelques jours. De ce fait, des émeutes de la faim auraient eu lieu à Téhéran en octobre.




Evolution du cours du Rial Iranien


Affaire à suivre...

N.M.

Les 35 heures, un bouc émissaire...


Le 28 octobre 2012


Les plans sociaux se multiplient en France depuis les dernières élections. Les problèmes de Peugeot relancent le débat emblématique sur les causes de la désindustrialisation en France.

Le premier ministre, confronté à la sortie prochaine du rapport Gallois, vient implicitement de le reconnaître : le coût du travail est trop cher en France, notamment comparé à celui de l'industrie allemande, notre premier fournisseur et client. C'est par rapport à ce pays (longtemps premier exportateur mondial avant que la Chine...) que l'on se compare, car il est aussi développé que le nôtre, et qu'il jouit d'un excédent record de son commerce extérieur, alors que le nôtre est notoirement déficitaire.

Or ce déficit du commerce extérieur est catastrophique pour le pays, et il s'est généralisé non pas seulement avec la Chine, mais aussi, avec nos principaux partenaires européens.

D'une part, cette production étrangère consommée en France, et cette production française, non consommée à l'étranger, constitue des débouchés que nos entreprises n'ont pas, ce qui pèse sur la production intérieure, entraîne des licenciements et du chômage.

D'autre part, avoir un déficit du commerce extérieur veut dire que, si celui-ci n'est pas compensé par le balance des invisibles (service vendus à l'étranger, tourisme étranger en France..), la dette de la France envers l'étranger ne cesse d'augmenter. A son échelle, la France est presque sur le même chemin que les USA (voir chronique précédente, sur la dette américaine), à la différence près que le taux d'épargne des français, permet de financer une grande partie la dette de l'état par des résidents, au contraire des USA, ce qui rend le pays un peu moins vulnérable que son voisin d'outre Atlantique. Mais, comme dirait Keynes, « à long terme nous serons tous morts », et donc cela n'est pas tenable, puisque l'endettement du pays vis à vis de l'extérieur (secteur privé et public) ne cesse d'augmenter. Le « ménage France » ne cesse de s'endetter envers l'étranger, car le tourisme étranger sur notre sol et les services vendus à l'étranger ne compensent plus ce déficit de la balance commerciale (notre balance des transactions courantes est négative). En effet, ce déficit de la balance courante, fait que, une fois engrangés nos devises liées à nos ventes auprès des étrangers, nous n'avons pas assez de devises pour payer nos dépenses auprès de l'étranger. Une partie de ces dépenses est donc indirectement payée par des entrées de devises en France, sous forme de prêts par des étrangers (qu'il faudra rembourser un jour ou l'autre en vendant des produits à l'étranger!!), où d'achat de patrimoine français par des étrangers (des parcelles de la France qui appartiennent dès lors à des étrangers).

Ayant adopté l'Euro, la France ne connaît pas la conséquence négative habituelle de ce déséquilibre de la balance courante : la dévaluation de sa monnaie, avec son lot de conséquences négatives ; le renchérissement des produits importés, notamment du prix des matières premières importées comme le pétrole et donc, la perte de pouvoir d'achat des ménages nationaux par l'inflation importée. Mais « l'Euro qui protège », a paradoxalement réduit les marges de manœuvre de la France puisqu'il la prive de l'arme de la dévaluation, qui permet de rendre ses produits nationaux moins chers à l'étranger et de renchérir les produits étrangers vendus en France, et donc, parfois, de redresser la balance courante en rendant nos produits moins chers et ceux des autres pays plus onéreux. Cette technique de la sous évaluation monétaire est par contre utilisée (avec des barrières non tarifaires de frein d'accès à son marché) de façon systématique par la Chine et elle en use et en abuse pour continuer à protéger son marché intérieur tout en exportant à qui mieux mieux. Privés de l'arme de la dévaluation, la France en est donc condamnée (enfin!!!) à chercher les causes internes et structurelles à ses déficits commerciaux extérieurs, qui perdurent depuis plus de 30 ans, pour y remédier au plus vite. Si nous continuons à faire l'autruche encore trop longtemps, nous risquons de nous retrouver dans la situation périlleuse qui est celle des USA, sans avoir ses deux points forts que sont sa puissance diplomatique et militaire et son statut de premier marché intérieur mondial, et qui font que, dans une situation de d'hyper-endettement vis à vis de l'étranger, ses créanciers continuent à maintenir leur économie sous perfusion (voir chronique précédente).


Est-ce un problème de « compétitivité prix », c'est à dire que nos coûts de fabrication sont trop élevés ?

Est-ce un problème de « spécialisation produit » ou de structure de production? Peut-être que les produits que nous vendons ne sont pas assez innovants ou de mauvaise qualité ou n'ont pas une assez bonne image à l'étranger. Peut-être que nos PME, de taille trop modeste, ne sont pas adaptées ou ne font pas (et ne peuvent pas faire) assez d'effort pour exporter.


Confrontés à ce problème, certains économistes accusent la « compétitivité coût » désastreuse de notre industrie, à cause d'un coût du travail trop élevé lié au passage aux 35 heures. Ce coût du travail trop élevé serait responsable de tous les maux car il rendrait nos produits non compétitifs et réduirait la marge des entreprises, qui dès lors, seraient incapables d'investir pour abaisser leurs coûts et faire de la recherche et développement pour innover et proposer des produits attrayants.

Ce discours simpliste emprunté à l'école de l'offre proposerait, comme solution magique, d'abaisser les charges sociales des employeurs et de déréguler le marché du travail, en facilitant les licenciements et les contrats de travail précaires.


Mais réduire le problème de l'industrie française au seul coût du travail est trop simple. Même si ce problème ne doit pas être éludé, l'industrie française souffre d'un mal plus profond, qu'une simple baisse du coût du travail ne suffirait pas à résoudre. Surtout, accuser les 35 heures à elles seules est totalement inexact.


Les 35 heures, coupables surtout de baisse du pouvoir d'achat de l'ouvrier français.

Comme le dénonçait à l'époque des membres allemands de l'union socialiste européenne (consulter page de leur site à ce sujet), le passage aux 35 heures en France, s'est traduit par un assouplissement des règles du travail. Les négociations internes aux entreprises lors du passage volontaire aux 35 heures ont souvent prévu des limitations de progression du salaire, des annualisations du temps de travail limitant le coût des heures supplémentaires et adaptant dans l'année, la charge de travail des salariés, sans contre partie. Elle ont souvent instauré des décomptes de temps de pause ou d'habillement jusqu'à présent compris dans le temps de travail. Si l'on ajoute à cela, les baisses de cotisations patronales liées à ce passage aux 35 heures (voir exégèse de la loi Aubry en annexe), certaines grandes entreprises ayant « joué le jeux de la loi » n'ont pas vu leur réel coût du travail augmenter. Ceci est à tel point vérifiable, que la Yaris de Toyota qui est exportée aux USA est celle qui est produite en France, au lieu d'être exporté du Japon et produite au Japon.

Avec cette modération salariale et ces concessions diverses sur la flexibilité du travail, les temps de pause, .., les ouvriers de certaines entreprises françaises ont bien vite déchanté, en voyant leur fiche de paie, et ont, préféré voter pour un certain Nicolas S., qui leur promettait de « travailler plus, pour gagner plus », car avec la modération de la progression de leur salaire et l'annualistation du temps de travail (et des semaines parfois très chargées, car les heures supplémentaires pouvaient légalement dépasser le quota d'avant, et cela sans être payées beaucoup plus chères), ils avaient l'impression de travailler presque autant (et certaines semaines beaucoup plus), avec un pouvoir d'achat en baisse. En bref, ils gagnaient moins et étaient corvéables à merci.

De plus, parallèlement à ce passage aux 35 heures, les contrats précaires se sont multipliés en France, avec de plus en plus de contrats à durée déterminée, intérimaires ou intermittents.


Le coût du travail, un indicateur très relatif...

Les Cassandres, qui aujourd'hui accusent les 35 heures d'être la cause de la désindustrialisation française, sont les mêmes qui accusaient déjà le coût du travail d'être la cause de la dégradation de notre commerce extérieur au début des années 1990. A lépoque, Ils ne comparaient pas le coût du travail français à celui de l'Allemagne, car il était plus élevé outre Rhin, avec des branches où la durée légale était de 32 heures. Cela aurait donc donné un argument à leurs détracteurs, puisque les allemands continuaient à nous vendre des Golfs, à des prix exorbitants, avec des salariés travaillant 32 à 35 heures et un salaire horaire supérieur à leurs homologues français (sans compter les jours fériés payés plus nombreux en Allemagne).

Ces Cassandres comparaient donc le coût du travail horaire en France avec les USA, par exemple, sans prendre en compte la différence de productivité du travail. A l'époque, le productivité étant de 20 % plus élevée dans l'industrie française que chez son homologue américaine. Ainsi, le coût réel du travail français (ramené à la quantité produite) était imbattable comparé aux USA et à de nombreux pays européens comme l'Allemagne ou la Belgique.

Toyota ne s'était d'ailleurs pas trompée et avait choisi d'implanter son usine européenne en France, et pas dans un autre pays européen. La situation centrale du Nord de la France était un atout, pour le japonais, dans une Europe unique, mais le coût et la qualification de la main d’œuvre locale était, à l'époque, un argument capital, aux dires même des patrons japonais de la firme. Pourtant, la France peinait déjà à vendre ses produits industriels. Le mal est donc plus profond et le vers rongeait déjà le fruit, avant « l'époque honnie des 35 heures ». En, fait si ne l'on ne fait pas l'erreur, comme certains organismes partisans ou approximatifs, de mélanger les employés à temps partiel avec ceux travaillant à temps plein, l'employé français, malgré la durée légale de 35 heures, travaille plus que l'employé allemand. L'OCDE, organisme libéral si l'en est, et donc non soupçonnable de parti pris social, considère que le salarié français travaille 1439 heures par an contre 1408 heures pour son homologue allemand.

En ce qui concerne le coût du travail réel, le coût de travail en France à augmenté relativement à celui de l'Allemagne. Il est, aujourd'hui, à peu près le même dans l'industrie automobile allemande que chez son homologue française (environ 33 € de l'heure). Ce n'est pas aux 35 heures qu'on doit cette quasi égalité, mais aux réformes lancées sous G. Shröder, en Allemagne, pour abaisser le coût du travail en Allemagne. Ces réformes ont été rendues possibles par l'entrée en Allemagne d'une main d’œuvre pas chère avec la réunification, et au dialogue social intensif outre Rhin. En fait, la France avait un coût du travail raisonnable dans les années 1990 (car inférieur à l'Allemagne). Il devient déraisonnable (car égal à l'Allemagne, dixit certains économistes libéraux) maintenant, pas parce qu'il a augmenté chez nous, mais parce qu'il a baissé chez les autres, les allemands en particulier. La course internationale à la baisse de son coût est devenu le mantra des politiques de part le monde, et en Europe en particulier. Avec la limitation de l'immigration (comparée aux USA) et donc de la population (en Allemagne notamment), cette stagnation du pouvoir d'achat des ménages explique en partie la croissance molle européenne. Ceci participe au chômage élevé dans la zone, notamment dans les pays où l'industrie n'est pas aussi dynamique que celle de l'ogre allemand

Au final, comparé à la France, et grâce à la politique d'un chancelier social-démocrate, le travail est plus flexible en Allemagne, avec par exemple un recours massif au chômage partiel (payé par les assurances sociales, mais à quel taux?) pour faire face aux aléas conjoncturels de baisse de la demande (exemple entre 2009 et 2011 pour l'industrie automobile allemande). De plus, le coût du travail global de la branche automobile allemande est moins élevé, en faisant appel à des sous-traitants asiatiques notamment (pièces détachées, etc). Mais, en fait, le travail ne représente qu'une partie minoritaire du coût d'une automobile. On le voit avec les résultats des calculs d'apothicaires de baisse du coût des automobiles fait dans l'hypothèse d'une baisse de quelques pourcent des charges sociales sur les salaires français, qui se chiffre en quelques dizaines d'Euro par auto, et ne pourrait être déterminant dans l'acte d'achat d'une automobile, acte qui ne peut être, de plus, qualifié de pleinement rationnel.


Un problème plus complexe, à régler avec tout, sauf  une autre mesure spectaculaire...

En fait, au final, la principale différence entre l'industrie allemande et son homologue française, est la « spécialisation produit ». C'est le fait de proposer un produit qui apporte au consommateur un service (réel ou virtuel) qu'il est prêt à payer plus cher, soit parce qu'il est innovant ou de meilleure qualité, soit parce qu'il le semble. Ainsi, à qualité égale, une voiture allemande se vend plus chère, ou elle est la seule à se vendre tout court (l'industrie automobile française ayant, jusqu'à présent, échoué à chaque tentative « de monter en gamme » - l'histoire dira ce qu'il adviendra de la gamme « DS » de Citroën, si tant est que ce saut en gamme soit suffisant pour concurrencer les marques allemandes).

L'avantage des PME allemandes est aussi d'être plus grosses et donc de pouvoir investir plus dans l'innovation que leurs homologues françaises.

L'avantage des entreprises allemandes est d'être allemandes, avec des employés allemands, et des employeurs allemands. L'avantage est donc d'avoir des entreprises où vit le dialogue social. L'avantage est d'avoir des entreprises où l'entrepreneur cherche à innover et faire réussir sa grosse PME.

L'avantage des PME allemandes est d'avoir traditionnellement des banques plus impliquées dans leur développement et plus prêteuses.

L'avantage des allemands est peut-être la formation de la main d’œuvre industrielle (apprentissage), mais sûrement pas la capacité à innover ou la formation et la recherche scientifique.

En fait, la principale différence entre nos deux industries est peut-être avant tout liée à des différences de mentalités. Comment se fait-il que la plupart des grand groupes français innovants ou exportateurs (train, aérospatial, nucléaire, ..) sont tous issus de la politique de l'état (entreprises nées nationales, ou nées grâce à des commandes et des innovations permises par l'état). Comment se fait-il que les grandes entreprises allemandes innovantes et exportatrices sont d'origine privée... Les réponses se trouvent seulement en partie chez Weber, mais presque toutes, dans des livres de sociologie... Comment se fait-il que les banques allemandes ont toujours participé volontairement au développement du tissus des grosses PME allemandes ? Que dire de certaines banques françaises qui font l'actualité, plus occupées (à l'heure où j'écris) à réclamer des milliards à un de leur salarié trader, pour cacher leur incompétence ou à provisionner des milliards pour couvrir leurs aventures grecques ?


Ce qui est sûr, c'est que le problème de chômage de masse structurel en France (3 décennies avec plus de 6 % de chômeurs), ne se réglera pas avec une mesure simple. Le partage malthusien du temps de travail avec l'adoption des 35 heures n'était pas une solution miracle, même si il a été accompagné d'aides sur les charges sociales et de négociations d'allègement de la réglementation du travail. La désindustrialisation du pays a continué et le taux de chômage a conséquemment suivi.

De la même façon, se contenter de baisser les charges patronales (en rabotant pour se faire le pouvoir d'achat des ménages et donc la demande intérieure avec une hausse de la TVA ou de la CSG), ne règlera pas ce problème de désindustrialisation et de chômage de masse, comme une recette magique. Un banque d'aide à l'investissement est une avancée, mais elle ne doit pas être la seule. Le dialogue social, l'aide à l'investissement des entreprises, mais aussi un nécessaire protectionnisme face à certaines barrières non tarifaires dans le commerce mondial et beaucoup d’imagination, pour changer les mentalités et les habitudes seront nécessaires...


Quoiqu'il en soit, il serait bien, pour une fois, d'oublier les mesures spectaculaires et magiques, sensées apporter une solution à court terme (c'est à dire à l'échelle d'un quinquennat). Il faudrait penser un peu moins à l'école de l'offre et plus à Weber, Schumpeter et consorts... Il faudrait aussi penser à rétablir une concurrence loyale dans les échanges internationaux...

 

Samedi 6 octobre 2012

L'eau et l'alimentation, les matières matières premières denrée rares

Le 1er septembre dernier, je revenais sur la polémique occasionnée par l’efficacité très relative, des mesures prises pour limiter les conséquences de l’augmentation du Dollar et du cours du pétrole, sur le prix du carburant à la pompe, en France. Ma conclusion était que, contre toutes les attentes et les mauvaises augures du club de Rome (1971), nous prédisant un avenir proche sans hydrocarbures, ceux-ci n’allaient pas manquer de sitôt. Les nouveaux gisements non conventionnels (off-shore profond, gaz de schiste, sables bitumineux), reculent en effet la pénurie d’hydrocarbures, d’au moins un demi-siècle. Elle n’aura pas lieu vers 2020 comme prévu, mais bien plus tard…

En fait, la pénurie la plus prégnante et pressante sera celle des produits alimentaires, pour assurer la croissance et la survie de la population humaine.

 

La consommation alimentaire n’a cessé d’exploser depuis deux siècles. La déforestation, l’intensification des cultures et des élevages ont pour l’instant permis d’éviter les pénuries alimentaires durables. Les années 80 et 90 ont même été le théâtre d’effondrements des cours des produits agricoles, de par le monde.

 

Mais depuis, la donne a changé…

La population a continué de croître, moins vite en Asie, mais plus vite ailleurs, comme en Afrique, par exemple.

Ces populations consomment de plus en plus de protéines animales, issues d’animaux qui consomment énormément de végétaux, alimentant anciennemnt les hommes.

De plus, même s’il reste des surfaces labourables non exploitées, avec de grandes surfaces de terres africaines non labourées et que la forêt amazonienne n’est pas encore entièrement défrichée, la surface exploitée ou exploitable, ne cesse de baisser ailleurs. Dans tous les pays industrialisés, des surfaces rurales sont rongées par l’urbanisation. De plus, faute d’eau, consommée par des villes de plus en plus peuplées et avides,  l’irrigation se réduit comme peau de chagrin, dans des zones  aux climats rendus de plus en plus erratiques à cause de l’effet de serre. Des zones agricoles entières, en Espagne, aux Etats Unis, par exemple, commencent à manquer d’eau pour sécuriser les rendements, ou même éviter de voir les cultures sécher sur pied.

 

Paradoxalement, les nouveaux gisements d’hydrocarbures, source de sécurité pour notre modèle économique, vont participer à l’augmentation du risque de pénurie alimentaire.

Si l’on prend l’exemple du gaz de schiste, ce nouvel hydrocarbure, ressource qui a fait chuter le prix du gaz aux USA, à un point tel que, le cours du gaz est, là-bas, maintenant totalement déconnecté du cours mondial (voir courbe ci-après), est potentiellement mortel pour la production agricole américaine.

En effet, non seulement, le forage  peut polluer la nappe phréatique, dormant au-dessus du schiste qui recèle le gaz, mais la fracturation hydraulique utilise nombre de produits chimiques, qui, si les conditions de mise en œuvre de la dite fracturation ne sont pas optimales, se retrouveront dans la nappe utilisée pour irriguer les cultures du sol, au-dessus du forage, et cela à des dizaines ou des centaines de kilomètres à la ronde.

De plus, la fracturation hydraulique consommera, dans des régions où l’irrigation est nécessaire, des quantités considérables d’eau, qui viennent déjà à manquer pour les villes et les cultures. La sécheresse de ce dernier été aux Etats Unis, a été un rappel de la dépendance de la culture du maïs et du soja, en l’irrigation, dans les plaines de la « corn belt », le grenier à céréales des USA.

Enfin, les forages off-shore profonds, sont susceptibles d'entraîner des marées noires, comme dans le golfe du Mexique, récemment, contaminant le mer (et les côtes) et ses ressources...

En fait, l’avenir énergétique radieux que nous proposent les nouveaux hydrocarbures, obère notre avenir alimentaire et alimente encore le risque de voir se tarir la source principale de toute vie sur terre, le liquide près duquel se sont développées à peu près toutes les civilisations; l’eau , la source à l’origine de la vie sur terre ; l’eau, le premier chemin de nos commerces (antiquité); l’eau nourricière de nos ressources halieutiques; l’eau qui constitue la majeure partie de tout organisme vivant sur notre terre; l’eau, la source de toutes, ou presque toutes, les religions; l’eau, le liquide qui donne la couleur (bleue) à notre planète; l’eau dont les différents flux font nos climats.

 

Evolution du prix du gaz naturel dans trois zones mondiales.

 

N.M.

 

Lundi 24 septembre 2012

Une étude séralini statistiquement biaisée

La semaine dernière, les médias (entre autres, le nouvel observateur et la revue "food and chemical toxicology") se faisaient l'écho d'une étude, semble-t-il sérieuse, prouvant, sans doute aucun, que "les OGM étaient "dangereux et toxiques" et provoquaient des cancers sur le long terme chez les rats. Un film sur l'expérimentation était annoncé pour le 26 septembre et défendu par son metteur en scène, le soir même, dans une émission grand public de "l'access prime time" sur France 5. Un livre, "tous cobayes", doit aussi paraitre bientôt.

Le discours tenu était que la toxicité des OGM (sous-entendu dans leur ensemble), n'avait pas été découverte pour l'instant, car toutes les études effectuées jusqu'à présent, n'avaient été conduites que sur quelques mois. Toutes les études précédentes, semble-t-il, avaient été faites avec des méthodes dignes d'amateurs, qui n'avaient pas tenu compte de la toxicité à long terme des OGM et avaient été trop courtes. La nouvelle étude, faite sur deux ans, intégrait mieux la réalité de la consommation humaine sur une longue période. En effet, la durée de 2 ans d'étude sur des rats, était plus représentative de la durée de vie à l'échelle humaine, que les quelques mois qu'avaient duré les études précédentes. La seule étude un peu plus longue que les autres, l'avaient été sur des porcs, dont la durée de vie, étant largement supérieure aux rats, était donc, aussi, non représentative.

Le lendemain, les journaux n'en parlaient presque plus. Le surlendemain, dans tous les médias, c'était le silence radio. Aucun d'eux, à ma connaissance, n'a fait amende honorable et n'a annoncé une erreur, au moins d'appréciation. Mais ils ont tous dû comprendre qu'ils étaient tombés dans un piège. Un beau piège, si sensationnel, avec une étude présentée comme sérieuse, la seule sérieuse d'entre toutes...

Pourtant, deux choses auraient dû attirer leur attention.

1- D'abord, si l'étude était sérieuse, pourquoi le peuple américain, nourri aux OGM depuis 10 à 20 ans, n'était pas touché, comme les rats, par une augmentation visible de cancers de la sphère hépato-digestive ?

2- Ensuite, pourquoi les gens, qui communiquaient sur cette étude, parlaient-ils des OGM en général, et pas du Maïs Monsanto NK 603 en particulier (le seul maïs testé dans l'étude) ? Cela n'était-il pas une façon de généraliser une étude particulière, à tous les OGM ? Ce discours confondant un maïs précis avec tous les autres OGM, ne relevait-il pas d'un dogme anti OGM ? Au moins, ils (les communicants) ne faisaient pas vraiment preuve de la rigueur scientifique que l'on prêtait à l'étude... Une étude dite indépendante, pour une fois, des lobbys des grandes firmes phytosanitaires. Tellement indépendante qu'elle aurait peut-être été financée par la grande distribution, dont l'un des discours populaire est la lutte contre les OGM. Mais passons, ce n'est qu'un détail, à côté du reste...

Cependant, les journalistes avaient déjà noté que les données factuelles, concernant la méthode utilisée pour cette étude, n'étaient pas disponibles, alors même que l'annonce de ses résultats était fortement médiatisée, avec un plan média (parution dans la presse, sortie d'un film et d'un livre) digne du lancement d'une candidature présidentielle. Certains abordèrent donc le sujet avec prudence, d'autres pas du tout. A ma connaissance, (mais je peux me tromper) un seul média démontra avec précision la supercherie. Il s'agit d'une édition quotidienne sur internet, qui présenta sommairement le plan d'expérience et nous permet de juger de la valeur de la dite étude.

Celle-ci a duré 2 ans et a porté sur 200 rats. Ces chiffres semblent, au premier abord, sérieux. Mais les problèmes s'accumulent dès que l'on prend plus ample connaissance des détails. Comme toujours le diable s'y niche...

Tout d'abord, au moins une hypothèse testée est illogique. Ce plan d'expérience teste l'innocuité d'un maïs résistant au glyphosate (la matière active du "Round Up"), herbicide de Monsanto. Cependant, certains lots de rats ont ingéré du maïs NK 603 plus du glyphosate. Ce n'est pas réaliste, car si le maïs est résistant à l'herbicide, c'est parce que son métabolisme le fait disparaître de la plante. Pourquoi alors tester, l'herbicide, avec du maïs qui ne peut pas contenir une seule trace de cet herbicide, car il a été génétiquement modifié pour ne pas en mourir, en l'éliminant de ses tissus ?

Ensuite, en séparant les deux sexes, et avec toutes ces hypothèses (inutilement) testées (avec ou sans OGM avec trois concentrations en OGM différentes, et, avec ou sans Glyphosate, et avec, là aussi, trois concentrations différentes, on arriverait (selon Médiapart) à des classes de rats contenant seulement 10 individus subissant le même traitement. Ainsi le groupe "témoin" (nourri sans OGM et sans Glyphosate) n'aurait compté que 10 individus mâles et 10 individus femelles. En ayant seulement 10 individus par classe, une analyse de variance multifactorielle, a toute chance à priori, de ne rien donner de statistiquement significatif. En effet, vu le peu d'individus par classe, le F de Fisher observé, va être sûrement inférieur au seuil de rejet de l'hypothèse nulle dans quasiment tous les cas. Cela veut dire que, même si les OGM ou le glyphosate avaient un léger effet sur la santé, on ne pourrait pas le prouver statistiquement, parce que le plan d'expérience est à priori incorrect. C'est un exemple de grand professionnalisme, que de dépenser tout cet argent, pendant deux ans, sur un plan d'expérience, a priori théoriquement incorrect !!!

Enfin, cerise sur le gâteau, la race de rats choisie est une race qui a tendance à subir, sous l'effet du stress, des cancers spontanés et cela en peu de temps (les rats ayant une espérance de vie courte). Beaucoup meurent en moins de deux ans, d'un cancer, dès qu'un stress les touche. Evidemment, il n'est pas venu à l'idée de nos scientifiques que l'expérience était un stress en elle-même (ou ils l'ont fait en connaissance de cause...). Aussi, les scientifiques reconnaîtraient ne pas pouvoir fournir tous les résultats. En effet, beaucoup de rats sont morts avant le terme de deux ans. Ainsi, d'après Médiapart, après 624 jours d'étude, 3 des 10 rats mâles du groupe témoin (sans aucun traitement dit "nocif") étaient déjà morts alors que dans un des groupes exposés à l'OGM Monsanto NK 603, deux seulement étaient morts au bout de 701 jours. En simplifiant, si le plan d'expérience avait été statistiquement satisfaisant, on aurait pu, même peut-être, prouver que la consommation du maïs OGM Monsanto NK 603 protégeait du cancer des voies digestives !!!

Ainsi donc, cette étude, comme toutes les autres précédentes, n'a pas prouvée d'effet néfaste d'OGM sur la santé. On peut même se demander si le choix de la race des rats et du plan d'expérience, n'ont pas été sciemment faits pour obtenir un résultat pouvant nous induire en erreur, en présentant des images choc de rats "défigurés" pas d'énormes tumeurs et provoquer chez nous une stupeur propre à nous faire oublier la non fiabilité scientifique des résultats obtenus. A côté de cette étude, les turpitudes des expériences Benvenistes sur la mémoire de l'eau (avec la lettre du plan d'expérience collée au plafond et décacheté quand même par les scientifiques) paraissent bien anodines...J'en suis même, depuis la semaine dernière, arrivé à me demander s'il ne fallait pas que je reconsidère à nouveau, mon opinion sur l'efficacité de l'homéopathie... Si vous connaissiez ma volonté de ne pas croire en la médecine, mais de faire confiance à elle, parce que son efficacité est sensée être démontée scientifiquement, et que, beaucoup de médicaments ont une efficacité réelle et parfois (comme les antalgiques) une efficacité immédiate et vécue "in vivo", vous auriez compris à quel point le fait que cette opération médiatique ait pu avoir lieu, a remis en cause beaucoup de mes certitudes.

 

Mercredi 12 septembre 2012

La dette américaine, une bombe à retardement

Ce matin, on annonçait, sur une grande radio d'information, que l'agence de notation Moody's, avait l'intention de dégrader la note (pour l'instant triple A) des USA en "A1", et cela, si le gouvernement fédéral ne changeait pas de politique budgétaire. Cela est passé, par la suite, presque inaperçu, à cause d'un attentat en Syrie (tuant notamment un ambassadeur américain) et de la suite, en Grande Bretagne, de l'enquête sur une sombre tuerie sur un étroit chemin d'une montagne française. Cependant l'information méritait réflexion...

La première réaction a été de se dire que la BCE et son président avaient gagné contre les marchés, et que les agences de notation étaient, en conséquence, en train de faire la seule chose qu'elles savent faire pour exister encore médiatiquement. Ceci semblait montrer que la BCE venait de prouver qu'elle était toute puissante contre les marchés, comme l'était la Bundesbank (banque centrale Allemande, avant le passage à l'Euro) en son temps. Mais, ce 12 septembre, était aussi le jour où la cour constitutionnelle allemande devait donner son avis sur la constitutionnalité du MES (Mécanisme Européen de Stabilisation). Les spéculateurs avaient peut-être eu connaissance de fuites, laissant à penser, que la cour constitutionnelle allemande allait valider ces mécanismes, ce qu'elle a fait d'ailleurs cet après-midi.

En fait, il y a quelques jours, Mario Draghi (président de la BCE), en annonçant que la BCE était prête à couvrir, sous conditions à minima, la dette de ses pays membres et cela sans réserve de montant et à l'unanimité (moins une voix allemande), avait fait fléchir les marchés. Les agences de notation reconnaissaient là, la toute puissance de la BCE, en allant ronger un nouvel os, s'attaquant à un autre pays (les USA). Elles prenaient acte du fait que, en dépit de son statut formel, la BCE était presque devenue, par la magie des mots de son président, prononcés le 6 septembre devant les caméras du monde entier, une banque centrale à part entière. La BCE venait, en effet, et cela, contre toute attente, de s'ériger comme prêteur en dernier ressort pour les états membres de l'UEM.

La première réaction a été de se dire, qu'à nouveau, les agences de notation se comportaient comme de grands enfants, privés d'un de leur jouet favori. Ayant perdu une occasion de se faire remarquer (ou de gagner de l'argent) en s'attaquant à des pays de l'UE, elles s'en prenaient carrément au maître du jeu de l'économie libérale que sont les USA. Cela en disait long sur leur attitude d'enfants gâtés.

C'est vrai que comme, le publie aujourd'hui Le Monde (sur son site web), le déficit fédéral de l'état américain a continué à se creuser. Après l'ère Clinton, sage et salvatrice, Obama n'a pas réussi à faire un trait sur les errements budgétaires de l'ère Bush, et si l'on observe la courbe publiée par Le Monde (reproduite ci-dessous), la situation aurait même eu tendance à empirer..

Encours de la dette fédérale américaine

 

 

Source lemonde.fr ; Source d'origine: trésor fédéral américain

 

Mais, à quoi cela servait-il de dégrader la note des Etats Unis, puisque cela n'a aucune conséquence pour le trésor américain, car en dernier ressort, la Fed (la banque fédérale américaine) achètera la dette de l'état américain, et cela à un taux choisi par elle. Peut-être est-ce pour pouvoir, par la suite, logiquement, dégrader la dette des créanciers de l'état fédéral, d'états américains ou d'administrations américaines ?

Ce n'était pas pour pouvoir, par la suite, noter à la baisse la dette d'états américains, car certains sont déjà sous surveillance, la note de l'état californien (malgré le gouverneur conservateur, et ancien acteur, Arnold Schwarzneger), par exemple, ayant été déjà dégradée.

Restait la piste des créanciers ou des administrations (?)

Qui est créancier de l'état fédéral américain ? Des états, des banques, des caisses de retraite, chinois et japonais. La Chine et le Japon sont des pays exportateurs dont l'économie dégage des excédents extérieurs. Le Japon, il est vrai, connaît la récession et la Chine, elle, un trou d'air économique. Cependant, s'il n'y a pas, en Chine, de mouvements sociaux incontrôlés, ce pays retrouvera vite une forte croissance au sortir de la crise. Le Japon, lui, est assis sur un matelas confortable de Dollars qui ne demande qu'a s'investir en bons du trésor américain, placement sans risque, puisque la Fed est le prêteur en dernier ressort.

Ne serait-ce pas, donc, un mouvement inattendu (mais prévisible) de perte de confiance dans le Dollar et un retour de confiance dans l'Euro après la décision majeure de la BCE d'il y a quelques jours (consulter l'actualité du 8 septembre, ci-dessous) ? En effet, une chute du Dollar américain entraînerait une baisse de la valeur de la dette américaine, donc de la défiance en la signature de l'état fédéral américain et en celle de toute dette libellée dans cette monnaie...

Ce qui est sûr, c'est que l'Euro (pour toutes ces raisons) est de retour en grâce et va continuer à voir son cours (vis à vis du Dollar) remonter, ce qui est bon pour le prix du pétrole et le prix du carburant à la pompe en Europe, mais mauvais pour les exportations de produits de la zone Euro. Ce n'est théoriquement pas très bon pour l'Allemagne, dont l'économie dépend en grande partie de l'exportation vers les pays tiers (mais les allemands vendent des machines-outils et des automobiles à forte valeur ajoutée, ce qui permet, en théorie, d'écouler leurs produits, même à prix plus élevés). C'est bénéfique pour la France et ses produits agricoles et aéronautiques très sensibles aux variations de prix (la France n'exporte pas que des parfums, du vin, des foulards Hermès ou sacs Vuitton à prix élevés et dont la consommation est peu sensible aux variations des changes); dans l'UEM, puisque le prix du pétrole est libellé en Dollar. mais cela, néanmoins, ne réglera pas à lui seul le problème de la désindustrialisation de notre pays . Cependant, pour le chef de l'état français, confronté aux restrictions d'emploi dans l'industrie (Peugeot n'étant que la partie médiatique de l'iceberg), cela règle peut-être, au moins, le problème posé par la solution boiteuse trouvée pour contrer la hausse du prix du carburant. En effet, la hausse de l'Euro va mécaniquement faire baisser le prix de l'essence, puisque le pétrole est coté en Dollars, monnaie qui va voir, elle, sa valeur baisser en Euro.

De fait, cette annonce, faite par Moody's, met le doigt sur un problème majeur de la finance internationale, qui est le déficit et la dette abyssaux de l'état américain. Elle peut faire comprendre aux hommes politiques de ce pays (et à leurs citoyens), que la coupe est pleine, que les Etats Unis, à force de laisser filer leur déficit budgétaire, ont rendu leur encours de dette totalement irréaliste et déstabilisateur pour la finance mondiale et l'équilibre "écono-stratégique" mondial. Cette situation d'hyper endettement de l'état américain auprès de l'étranger (les américains n'épargnent pas, donc ne peuvent pas prêter à l'état américain) est devenue monstrueuse et insoutenable. Peut-être, qu'après tout, la menace de déclassement de la dette américaine n'est pas seulement issue de la lubie d'un enfant gâté, mais est, en fait, un signal fort, pour faire réfléchir, et reconsidérer à nouveau, cette bombe potentielle qu'est la dette de l'état fédéral américain. La situation actuelle, caractérisée par cette quantité énorme de Dollars, détenus par des créanciers étrangers (et notamment chinois), pose d'abord un problème stratégique pour les Etats Unis qui n'ont jamais ressemblé autant à un colosse aux pieds d'argile. Le différentiel de croissance entre "la vieille Europe" et les Etats Unis s'est peut-être nourri d'un marché du travail plus libre (aux USA) et d'autant plus flexible qu'il se nourrit, lui-même, d'une basse couche de main d'oeuvre payée à la journée et en partie alimentée par une immigration légale ou non, hispanique notamment, mais aussi par des retraités obligés de travailler à cause de leur retraite "misérable". De plus, aux USA, la protection sociale est pour certains très faible, et les charges sociales en sont d'autant diminuées. Enfin un protectionnisme larvé protège le marché intérieur, à tel point, qu'en leur temps, les entreprises automobiles japonaises, qui proposaient des produits bien plus novateurs et économiques que leurs homologues américains, ont dû investir sur place pour lutter contre la suprématie des "big three" américaines. Cependant, les économistes libéraux ne reconnaissent pas assez que cette croissance s'est perpétuée, en grande partie, grâce au déficit budgétaire et à la dette fédérale. En fait, depuis Ronald Reagan (1980, 1989), les USA n'ont pas cessé, (sauf sous Bill Clinton) et cela sans le reconnaître explicitement, de faire des relances keynésiennes par le déficit budgétaire, payées par des épargnants étrangers (allemands et japonais, et puis chinois), détenteurs d'une masse de Dollars qui n'a cessé de croître avec les déficits extérieurs américains. Paradoxalement, les fortes importations américaines, de produits chinois à bas coûts, ont permis la croissance de la consommation intérieure et donc la croissance, accompagnée de dépenses locales des ménages par le crédit immobilier par exemple. Cette croissance de la consommation a été d'autant plus durable, que les emprunts hypothécaires et la bulle immobilière, ont artificiellement accrus la capacité des ménages américains à consommer. L'état n'a pas été seul à vivre grace aux capitaux étrangers, les ménages ont fait de même pour continuer à consommer et consommer encore, mais à nouveau, à crédit. De plus, chaque secousse, chaque éclatement de bulle boursière (1987), immobilière (avant 2008) et banquière (Faillite Lehmann Brothers en 2008 et crise des années suivantes), qui auraient due être le signal pour entreprendre une autre politique, moins dangereuse, a été repoussée par la prodigalité de la FED d'Alan Greenspan et consorts (qui injecta massivement des liquidités) ou par l'état fédéral et son déficit budgétaire. Bill Clinton, aux fréquentations douteuses au bureau (il aimait bien les stagiaires jeunes et belles et se serait peut-être bien entendu avec un ancien directeur du FMI), a été, tous comptes faits, un président sage et avisé, alors que le président de la Fed (ou du Fed selon que l'on parle de la "banque" ou "du board"), Alan Greenspan, grand homme respecté par les bourses mondiales et surnommé respectueusement "le gourou de la bourse", jeta littéralement les liasses de Dollar par les fenêtres. Clinton lutta contre les déficits alors que ses prédécesseurs ou successeurs distribuèrent de l'argent qu'ils n'avaient pas en finançant, au passage, le développement d'entreprises amies, fournissant à l'état des produits variés, allant de l'avion furtif à l'approvisionnement d'essence pour les chars en Irak ou de nourriture pour leur servants (la firme Halliburton, qui a été jusqu'à créer une armée privée pour assurer l'intendance des troupes en Irak, avait auparavant, longtemps, appointé le vice-président de l'époque, Dick Cheney, et a été convaincu de rapine sur le dos de l'estomac des GIs américain pendant la guerre en Irak qu'avait décidé le fils Bush, comme papa Bush l'avait fait en son temps - je veux parler de guerre en Irak). Ce mécanisme de consommation par le crédit international, a été d'autant moins visible et douloureux que les Dollars acquis par les étrangers sont, en général (mais pas toujours, d'où l'évolution erratique du cours du Dollar), revenus se placer aux Etats Unis, sous forme de placements liquides ou d'investissements (productifs, mais aussi spéculatifs, dans les titres bousiers, l'immobilier, le foncier, le luxe: certains châteaux bordelais peuvent en témoigner). Ces dollars ont surtout permis de financer la dette publique américaine sous forme d'achats massifs d'obligations émises par le trésor fédéral. Ce cercle, jusqu'à présent vertueux, était simple. L'état US s'est endetté auprès de l'étranger, en maintenant ainsi la consommation des ménages américains, qui achetaient des produits, en partie étrangers, tout cela étant financé par des Dollars venus de l'étranger, venus eux pour financer la dette fédérale américaine ainsi générée. Tout se passait (et se passe encore) comme si les USA étaient un ménage, un ménage qui vivait (et vit encore) en achetant, à crédit, des produits à son banquier, celui-ci lui prêtant toujours plus d'argent, pour qu'il puisse continuer à être un client satisfait et un consommateur assidu. En gestion, à l'échelle d'une banque, on appelle cela du "soutien abusif", et c'est totalement interdit par la loi. Le banquier continue à prêter de l'argent à son client car il y a doublement "intérêt". D'une part, cela lui rapporte de l'argent (cela s'appelle "l'intérêt"). D'autre part, cela permet à son client de ne pas faire faillite, et donc évite des pertes réelles au banquier. En effet, ces pertes ne sont que latentes, et encore, elle ne sont constatées que si le banquier, suivant en cela les principes comptables les plus élémentaires, de prudence et de fidélité, provisionne les créances dudit client (ici l'état américain et ses citoyens). Mais, le soutien abusif est interdit par la loi. En effet, l'histoire montre que, inévitablement, le banquier ne fait que retarder l'échéance de la faillite; faillite qui se traduira par un défaut de paiement et une dévaluation de la dite dette, dette qui n'est pas seulement auprès du banquier, mais aussi auprès des fournisseurs du ménage, qui eux n'ont pu prendre, à l'opposé de la banque, aucune garantie (hypothèque, nantissement, caution,...) en cas, justement, de faillite. Le chemin qu'ont emprunté les USA a généré des dettes auprès de l'étranger, il a aussi obligé la Fed (Alan Greenspan et consorts) à une politique monétaire accommodante, générant une augmentation prodigieuse de la masse monétaire en Dollars. Tout cela aurait dû (et devrait encore) inquiéter les responsables américains:

1.     Les hommes politiques américains auraient (et doivent encore) dû s'inquiéter de leur dépendance croissante vis à vis de prêts venant de l'étranger. Comme le doivent les animaux domestiques, il faut toujours s'inquiéter, et se demander si la main qui vous nourrit n'a pas un intérêt à ce que vous preniez du poids et restiez en bonne santé. Cela peut se finir dans le sang, à l'abattoir... Tant que la dette publique de l'état fédéral américain était financée par les excédents extérieurs de pays comme le Japon et L'Allemagne, les Américains ont pu se bercer d'illusions (peut-être probables en plus). Ces deux pays sont pacifiques et droits, indélébilement marquées dans leur mémoire collective, par une faute terrible qui date de la deuxième guerre mondiale, et qui en fait des alliés (pour l'instant) indéfectibles des Etats Unis. Une telle dépendance, vis à vis de la France, par exemple, allié suspect s'il en est (notamment depuis les discours de De Gaule), aurait peut-être, au début, éveillé les soupçons de la bête domestique qu'on nourrie (en l'occurrence les USA). Par la suite, quand c'est la Chine qui a commencé à financer le déficit public, il était peut-être trop tard pour revenir en arrière. Comment d'ailleurs, en temps de paix, dans un pays démocratique, promettre à ses concitoyens, comme Churchill, du sang et des larmes, sans être mis à la porte, immédiatement par les électeurs mécontents (Churchill a d'ailleurs été jeté comme un malpropre, mais après la guerre) ? Faire confiance à la Chine était donc juste un pis-aller. Une stratégie imposée parce qu'on ne peut pas faire autrement. La faute originelle (avec les Japonais et les Allemands si droits dans leur "alliéitude") a fait mettre le doigt du pays dans un engrenage dont on ne peut pas sortir sans y laisser la main ou même le bras. Et puis, il y a l'habitude et la vanité, la vanité de croire que l'on est toujours la première puissance mondiale, maître incontesté de la planète, capable de renverser une dictature irakienne avec quelques jets de missiles Tomahawk (mot de la langue d'anciennes tribus indiennes longtemps non soumises, qui se méfiaient justement de la main qui se disait être là pour les nourrir) et une chevauchée fantastique de chars Abraham dans le désert. Mais comment faire confiance à la Chine ? Comment faire confiance à un peuple dont les anglais ont à jamais terni la fierté en le ridiculisant par la signature d'un traité déshonorant à Nankin (1842), tout cela, pour une banale histoire de destruction de drogue, stock anglais destiné à leur propre consommation. Pour les occidentaux, comment faire confiance à une nation que des occidentaux immoraux et incultes (comparés à la "vieille civilisation chinoise") ont puni pour une banale histoire digne d'un "vol de poules". Tout le monde voit le peuple chinois sous sa facette commerciale. Un peu comme si la réelle aptitude au commerce de certains d'entre eux, en faisait un peuple prêt à tout, simplement pour faire des affaires et de l'argent; un peuple facilement corruptible et prévisible, qui préfèrera plier et accepter un pot de vin, un os à ronger. C'est oublier que le peuple chinois est d'abord patient. Il est capable de pénibles et longs efforts pour se protéger ou pour vaincre. La muraille du nord du pays, seule marque humaine (parait-il) visible du lointain espace, est là pour prouver sa patience et sa détermination à tirer des leçons de l'histoire et à reprendre l'avantage sur des anciens ennemis (dans ce cas là, les Mongols). Peuple balloté par l'histoire, premier peuple touché par la peste noire (et par le grippe H1N1 - sic) cauchemar de notre moyen âge, il est surtout celui qui a connu les plus anciennes et longues (donc avisées) dynasties. Un envoyé de la dynastie Hans, alors de plus de 206 ans d’âge (la dynastie, pas l'envoyé), a joué peut-être le rôle roi mage, dans une étable à Bethlehem. Cette dynastie a régné encore, presque 200 ans après la mort et la résurrection du Christ. A côté de ces 4 vrais siècles d'une seule des dynasties chinoises, les lignées royales européennes font de pâles figures d'adolescentes et la démocratie américaine celle d'un bébé. La lignée Bush, père et fils, n'a par exemple connu que 12 ans de règne et si deux présidents américains se sont nommés Roosevelt, ils n'étaient pas de très proches parents. Réduire le peuple chinois à un peuple de commerçants, prêt à continuer à financer la dette publique américaine Ad Vitam Æternam, tandis que les Etats Unis paraderaient dans toutes les mers du monde avec leur portes avions est aberrant. Pourquoi les chinois laisseraient une soi-disant première puissance mondiale les empêcher d'avoir accès, pour des questions de rhétorique et de droit internationaux, aux routes et aux régions, sources nécessaires à leur prospérité: celle des matières premières. La Chine ne se fera surement pas dicter ses intérêts par ses débiteurs. Plutôt que de céder à une puissance militaire dont l'économie est de pacotille, elle revendra ces dollars pour conserver son indépendance, ce qui aura pour effet de faire tomber le roi Dollar de son piédestal, même si cela a pour effet de réduire la valeur de ses économies (son épargne en dollar américain). Les analystes qui parient sur la vénalité de la Chine, pour ne pas vendre ses Dollars et éviter ainsi de voir ses avoirs monétaires perdre de leur valeur (avec le chute du Dollar qui en résulterait), oublient que, pour une nation millénaire, soucieuse de préserver son indépendance et sa réussite à long terme, perdre quelques sous est secondaire. Le Dollar se dévaluera, entrainant de Facto la baisse du patrimoine des américains, dont il représente une parcelle. Au pire, au lieu de vendre leurs dollars contre le change dans une autre monnaie, les chinois peuvent toujours s'en débarrasser en achetant avec, des pans entiers de l'économie américaine, à des américains de pure souche.

2.     Cette dernière éventualité semble trompeusement douce à côté de la dévaluation violente du dollar et du patrimoine des USA qu'entrainerait la première option (la vente des Dollars par les créanciers chinois). Mais cela aurait pour effet de réintégrer dans l'économie américaine, les quantités phénoménales de Dollars créées, toutes ces années, par la Fed. En bon disciple de Milton Friedman (et des monétaristes), Alan Greenspan aurait dû comprendre que sa politique monétaire avait potentiellement cette conséquence. Mais, enivré par son pragmatisme et sa bonne réputation, et, voyant que l'inflation ne gonflait pas avec sa politique monétaire créatrice de Dollars, il a peut-être pensé que la théorie de son mentor, Friedman, ne fonctionnait que dans une économie totalement théorique. Il a d'ailleurs, de la même façon, sous-estimé l'impact de la crise des « subprimes » avant de quitter son poste, et n'a jamais réussi à se justifier complètement depuis. En fait, la création monétaire, fruit des déficits budgétaires de l'état fédéral américain était réelle, mais gelée. En effet, les dollars créés pour financer la dette fédérale, se retrouvaient en grande partie dans les soldes extérieurs de pays comme la Chine. Le retour de ces dollars chinois dans le marché intérieur américain signifierait une réelle augmentation de la masse monétaire utilisée dans les échanges aux Etats Unis même. Resterait alors à la Fed à assister, impuissante, à une envolée magistrale des prix outre Atlantique, ce qu'elle a cherché à éviter depuis le début des années 1980. L'inflation rongerait le pouvoir d'achat et la valeur réelle du patrimoine américain. Elle appauvrirait de fait les Etats Unis... Après 30 ans de consommation à crédit, le peuple américain passerait à la caisse, pour payer son dû. Bien sûr, la Fed conserverait bien une arme pour ramener à elle cette montagne de monnaie ainsi libérée: augmenter ses taux directeurs pour encaisser ces dollars venus de l'étranger et les geler. Mais, en augmenter très fortement ses taux d'intérêts,  elle casserait du même coup la croissance américaine (à cause des taux trop élevés), et ceci de façon durable. Cette solution (la hausse des taux d'intérêts) aurait, en fait aux Etats Unis, le même résultat que celle qui consiste à laisser l'inflation y croître: la récession par la baisse du pouvoir d'achat et la perte de valeur du patrimoine, à cause de leur baisse en valeur (consécutive à la dévaluation du dollar et à l'inflation). Une autre solution reste donc encore possible, celle de l'achat massif de pans entiers de l'économie (ayant perdu de leur valeur) par des chinois, avec leur réserve de de Dollars, soit donc, une perte de souveraineté économique des USA sur la richesse qu'ils ont sur leur propre sol.

Peut-être que l'économie n'est pas si compliquée que cela. Peut-être que la vie facile, à crédit, se paie un jour ou l'autre, pour un pays comme pour un simple ménage. Peut-être que le temps des souffrances est d'autant plus long qu'on se refuse trop longtemps à en prendre conscience et à arrêter sa politique de vie à crédit. Après tout, c'est le moment pour les américains, d'y réfléchir, puisque qu'ils vont bientôt choisir leur exécutif et que la campagne électorale bat son plein... A coup (ou coût !?) de spots télévisés infantilisants, au prix de centaines de millions de dollars le spot...

N.M.

 

 

Samedi 8 septembre 2012

"Super Mario" fait le Buzz, tandis que l'INSEE déchante...

Jeudi dernier, Mario Draghi annonçait que la Banque Centrale Européenne (BCE) était prête à se porter acquéreur des dettes souveraines des pays membres de l'UEM, et cela sans limite. La volonté du banquier central est clairement de rendre son action plus efficace sur les taux d'intérêt européens, en abaissant le Spread (différence entre les taux d'intérêt) auxquels les pays du sud sont confrontés. En effet, l'arme de la BCE qui est son taux directeur (le REFI) était, jusqu'à présent inefficace, puisque les taux en Espagne étaient, mercredi, supérieurs à 6,4%, soit un spread de près de 6% par rapport au REFI (qui est à 0,75% depuis le 5 juillet 2012) !

Tous les dirigeants de la BCE (hormis son représentant allemand) venaient donc jeudi, de voter la possibilité pour la banque centrale européenne, de se porter acquéreur, sans limite, de toute dette des pays membres (de l'UEM) revendue sur les marchés.

Mais, surtout, et les commentateurs n'ont peut-être pas assez insisté sur ce fait, la BCE se considère désormais comme un créancier de même ordre que les autres, et est donc prête, à être traitée comme tout un chacun, en cas de créances irrécouvrables. Elle est donc prête à acheter "du papier" représentant une dette non sûre, ce qui renforce mécaniquement la solidité de la dite créance et donc abaisse le risque de détenir une telle créance. Ce risque étant plus bas, le spread (la différence de taux entre les taux d'intérêt des emprunts des pays de la zone) va (et a) baisser. Les taux espagnols par exemple ont (et vont) baissé. Les taux français vont, eux, remonter et peut-être redevenir plus réalistes. En effet, comme ceux de l'Allemagne,de  la Belgique..., les taux (à court terme) sur la dette souveraine française sont négatifs, alors que les taux à court terme pour certains pays du sud ont été à deux chiffres (et positifs: parfois>à 20%). Avec ces taux négatifs, les acteurs économiques prêtant, à court terme, au Trésor français perdent donc de l'argent tous les mois, en ce moment, et c'est encore pire avec l'Allemagne (on peut, dans ce cas précis, raisonnablement se poser la question de la rationalité des marchés! Accepter de prêter à un taux négatif signifie que l'on accepte de se faire rembourser une somme inférieure à celle prêtée, c'est à dire prêter en sachant pertinemment que l'on "va perdre de l'argent" à cause de ce prêt (à moins de parier sur une réévaluation de l'Euro ?!?)).

Les membres de la BCE entendaient donc, par leur vote de jeudi, faire converger les taux des différents pays, ce qui veut dire, pour la France, alourdir un peu une charge de la dette qui avait baissé avec les taux d'emprunt à court terme négatifs. Ceci veut surtout dire que la BCE engage la solidité de son propre bilan, dans la réussite des politiques budgétaires des pays du sud de l'Europe, en promettant de racheter leur dette sur les marchés, quitte à ne pas être remboursée si l'état emprunteur "faisait défaut" ("faire défaut" signifie ne pas rembourser). Cela rend donc de plus en plus compliqué la sortie unilatérale d'un pays (comme l'Allemagne) de la zone Euro. Cela veut dire, aussi et surtout, qu'acheter la dette des états du sud de l'Europe devient moins dangereux car l'on peut supposer, qu'en dernier recours, on pourrait théoriquement vendre cette "dette papier" à la BCE, qui elle, remboursera rubis sur l'ongle. En effet, rembourser une dette en Euro ne coûte rien à la BCE, puisque c'est elle qui émet les Euros et qu'elle en émet, en théorie, autant qu'elle veut. Ceci fait "qu'acheter de la dette" des pays du sud de l'Europe n'est plus aussi risqué, puisqu'en fait, indirectement, et en dernier recours, c'est peut-être la BCE qui remboursera. Comme "acheter ces dettes" est moins risqué, les créanciers devraient demander une prime de risque moins élevée pour le faire. Ils accepteront peut-être donc de prêter à des taux plus bas. Ceci devrait, en théorie, avoir, comme conséquence une baisse des charges de la dette pour les pays du Sud et, peut-être, une issue heureuse, pour eux, dans la zone Euro.

Par ce vote, qui restera peut-être dans l'Histoire, les dirigeants de la BCE ont peut-être un peu outrepassé leur pouvoir et rôle théoriques définis par le traité de Maastricht. Ils ont surtout montré que leur but n'était pas seulement de lutter contre l'inflation, comme le veut le peuple allemand, terrorisé qu'il est par le souvenir de l'hyperinflation des années de la république de Weimar, prélude à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, à la guerre et à l'infamie. Ces banquiers centraux ont rappelé que le premier devoir d'une banque centrale est de faire vivre sa monnaie, quoiqu'il en coûte, même si cela veut dire accepter de faire faire aux pays en difficulté une concession pour calmer le lion allemand: demander l'aide et suivre le FMI (Fond Monétaire International) et ses politiques restrictives et donc, rabaisser sa fierté et être traité, presque comme un pays en développement à l'agonie.

Voilà, tout cela semblerait presque épique, mais, malheureusement, si l'on ajoute à cette décision de la BCE, une sombre affaire de meurtre sur un parking alpestre, le dernier rapport de l'INSEE est cette semaine passé inaperçu. Dans cette note, qui porte sur l'année 2010, l'institut français constate une baisse de 0,5% du pouvoir d'achat des français cette année-là et dénombre 8,6 millions de pauvres en France. Selon la rédaction de Médiapart, avec un rythme d'augmentation annuel de 400 000 personnes par an, la pauvreté pourrait toucher près de 10 millions de personnes en France en 2013. Pire encore, d'après l'INSEE, en 2010 d'ores et déjà, 1 enfant sur 5, en France, vivait en dessous du seuil de pauvreté.

Après tout cela, quand Arte nous rappelle cette semaine dans un très bon "Thema", que la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, avait, à la fin du siècle dernier, aidé la Grèce à cacher 3 malheureux milliards d'Euro de déficit budgétaire, à la "très perspicace" Eurostat, afin d'être acceptée dans la zone Euro, cela nous semble, au final, une peccadille... Quoique, au final justement, c'est sur la dette grecque qu'a commencé la spéculation sur les dettes souveraines européennes. Et parmi les spéculateurs qui cherchent à se faire de l'argent en spéculant sur la fin de l'Euro ou, à tout le moins, sur l'éviction de certains pays de la zone Euro, on trouve des traders de grandes banques d'affaires de taille internationale... Et parmi ces grandes banques, on trouve... Goldman Sachs... Goldman Sachs, dont les traders spéculent sur un évènement rendu possible par les méfaits en Grèce de l'action passée de leurs propres patrons de l'époque. Allez dire, après, que les serpents ne se mordent pas la queue !

N.M.

Samedi 1er septembre 2012

Le prix du carburant, une polémique qui cache un mal plus profond et plus durable....

La baisse du prix du carburant promise et annoncée pendant la campagne électorale, est enfin effective depuis le 29 août dernier. La baisse, peut peut-être sembler ridicule, mais elle a eu lieu. Cependant, tous les observateurs s'accordent à dire que le prix du carburant va suivre le cours du pétrole et va donc, inéluctablement ré-augmenter. Le cours du pétrole restera élevé car les réserves conventionnelles s'épuisent et la demande augmente, notamment avec le développement de grands pays comme la Chine.

Cependant, cette hausse est beaucoup moins grave que supposée et cache un autre phénomène passé presque inaperçu. En effet, au fur et à mesure que le cours du brut augmente, des réserves inexploitables apparaissent en grand nombre. En 1971, le club de Rome promettait la disparition du pétrole à la fin du XXème siècle. Aujourd'hui, on ne compte plus les gisements off-shore profonds, ou non conventionnels, comme les hydrocarbures de schiste ou sables bitumeux, qui nous assureront une production confortable pour encore de nombreuses décennies. Nos réserves potentielles d'hydrocarbures ont en peu de temps explosé, nous permettant d'entrevoir un avenir d'au moins un demi-siècle sous le règne du pétrole et du gaz. De même, en quelques mois, (ou années) le plus gros importateur de pétrole (les Etats Unis) est potentiellement devenu un futur exportateur d'hydrocarbures (notamment de gaz). D'ailleurs, le cours mondial du gaz, anticipant l'augmentation potentielle de la production, s'est écroulé sur le continent américain et s'est totalement déconnecté de celui du pétrole. Les consommateurs français de gaz doivent être surpris de payer le leur plus cher, mais cela tient aux contrats passés par les distributeurs européens (prix du gaz lié au cours du pétrole) et à la difficulté à transporter le gaz d'un continent à l'autre. Exit donc le problème du manque d'énergie. S'il n'y avait pas le problème de l'effet de serre on pourrait presque même oublier de développer des énergies renouvelables (ce qui serait une catastrophe). D'autant plus que des substituts naturels aux hydrocarbures existent: les agro-carburants, ces carburants issus par exemple de la canne à sucre (au Brésil) ou du maïs (aux Etats Unis).

C'est quand on parle d'agro-carburants qu'apparait "le vrai problème". En effet, même si la hausse du prix du pétrole plombe notre croissance économique, la principale pénurie qui nous menace, n'est pas celle de l'énergie, mais celle, bien plus grave, de l'alimentation humaine. Depuis peu, le public se rend compte que la quantité de nourriture potentiellement produite par notre planète est restreinte face à l'augmentation de la population et à celui du niveau de vie, qui augmente la consommation de produits animaux et carnés. Les cours des produits agricoles explosent car la demande ne cesse d'augmenter et l'offre est erratique (aléas climatiques) et son potentiel d'augmentation reste limité (avec des cultures et élevages conventionnels). La consommation alimentaire ne cesse d'augmenter, alors que sur les continents asiatique, européen et américain, les potentiels d'augmentation de production (rendement et surface cultivée) restent limités, même s'il reste encore de la forêt amazonienne à défricher. Les entreprises chinoises l'ont bien compris, elles qui, depuis quelques années investissent dans l'achat et l'exploitation de terres situées en Afrique, le continent où le potentiel de production est notoirement sous-exploité.

L'avenir n'est pas aux agro-carburants (au moins ceux de première génération). La pénurie d'hydrocarbures n'est pas pour bientôt...

C'est la pénurie agricole et alimentaire qui nous menace...

N.M.

 

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